Des étincelles brûlantes.

[Daenarya Lumina]

Des étincelles brûlantes.

Ft. Gérald Maugris

Je souris naturellement, pour la première fois depuis bien longtemps et je me ravisse aussitôt. Je n'ai pas pour habitude de me laisser aller à la douceur et d'abaisser ma garde, surtout lorsque je suis face à un ange, banni, mais qui reste un ange. Je me racle la gorge. Je ne serais pas dérangée si je devais faire un petit peu de ménage par ici. Je ne suis pas spécialement complice avec les anges ou les bannis, alors les recadrer ne devrait pas être un problème. Mon sérieux prend bien trop de place dans ma phrase. Je décide de m'ouvrir légèrement, d'oublier celle que j'incarne et le masque que j'aborde tous les jours, depuis bien trop longtemps. Je grimace et j'avale d'une traite un verre posé sur la table. J'ai cruellement besoin de me détendre. Tu as une sœur, peu importe si le passé est chaotique. Elle est très courageuse, peut-être que tu as une place à Terra, à ses côtés. Après tout, vous avez le même sang, en partie. Il me demande de parler de ma famille, du moins de ce qu'il en reste. Je pousse un long soupir et je termine le verre restant sur la table. Au passage, je commande une nouvelle tournée, c'est ce qui va me falloir si je me lance dans de telles explications. Je hausse les épaules et je m'adosse bien au fond de mon siège. La vie au village est... Difficile. Surtout pour quelqu'un comme moi, qui ne tiens pas en place. Il insiste du regard et je finis par abdiquer. Je suis la chef des armées, dis-je d'un demi-sourire. Je forme nos combattants et je siège au conseil en tant que second leader du village, mon frère tient le premier rôle. La politique, ce n'est pas pour moi. Il semble étonné, comme beaucoup, qu'un si petit bout de femme puisse porter autant de poids sur ses épaules. Je fais la moue et je tapote mes doigts sur la table. Nous avons hérité du village, mon frère et moi, à la mort de mes parents. Les anges de Terra les ont tué. J'ai la vague impression de plomber l'ambiance, je ne suis pas très docile ni jovial lorsque je raconte ces moments-là. Passons, ne restons pas sur une telle note ! Je prends une profonde inspiration et je me force à sourire. Tout ça c'est du passé. La vie au village n'est pas ennuyante loin de là, nous n'avons pas si peur des éléments de la nature, comme vous, ce fichu soleil et cette pluie. Seulement, les anges passent leur temps à venir capturer nos enfants. Je suis venue en récupérer certains, je suis venue parce que je pensais trouver un sens à ma vie. Je pense que j'avais tort en fondant autant d'espoir en cette cité. Je pousse un soupir. Je n'ai pas entendu la voix depuis quelques heures et c'est un vrai plaisir. Maintenant que je suis là, j'aimerais être utile et profiter un peu de la jeunesse que j'ai refusé si longtemps. Alors, buvons ! J'avale deux verres fraîchement arrivés alors que la chaleur commence à envahir mon corps. Je souris timidement à Gérald qui m'observe étrangement. Phoenix