07 Oct 2016, 09:54
Le sommet des nations. ![]() ![]() |
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J'ai bien compris que les gens qui se trouvent dans cette pièce ne sont pas là pour faire la guerre, qu'ils sont, tout comme Rey l'est, bourrés d'espoir à l'idée que des gens foncièrement mauvais puissent redevenir bons. Moi aussi, je crois en l'humanité, mais la différence c'est que je ne la vois pas chez les anges. Je toise Aelita pendant de longues minutes, ne remarquant même pas que mon regard s'est durci, refroidi. Je chasse cette attitude d'un geste de tête et je captive de nouveau ses paroles. Elle semble nous connaître, mais elle est bien loin du compte, elle qui a vécu toute sa vie dans la richesse, la beauté et l'idée que rien ne pouvait l'atteindre. Comment pourrait-elle nous comprendre, nous qui avons tout perdu et qui n'avons jamais pu espérer un seul instant vivre en paix ? Je baisse les yeux, observant la table de marbre, faisant glisser mes bois sur la pierre. Lorsqu'Aelita s'adresse directement à moi, je la toise avec plus de légèreté. Elle ressemble un peu à Rey, quelque part, pleine d'espoir. Elle est définitivement plus douce que mon amie Rey et pour un ange, elle semble disposée d'une bien plus grande empathie que moi. Le ton plein de douceur qu'elle emploi réussi à percer mon cœur de pierre. C'est peut-être l'idée d'appartenir à quelque chose, à un groupe, qui me fait ressentir un sentiment de plénitude, je n'en sais rien. Je ne me suis jamais sentie comme un membre du village, trop perturbé pour accepter l'idée que je vivrais une vie banale, trop seule pour m'entourer de proches, trop vagabonde pour rester auprès des miens. J'ai compris ce que tu voulais dire, Aelita. Seulement, je n'ai pas l'impression de faire partie de ton équation, mais plutôt d'être un élément abstrait et inconnu. Vous semblez tous bien vous connaître ici, mais nous n'avons pas vécu les mêmes choses que vous. Nous sommes ici dans l'intérêt du village des humains, persécuté par ton peuple depuis des décennies. Tu n'es pas de ceux qui nous ont volé, blessé, tué, mais tu restes persuadée que des gens qui ont eu des siècles pour se réveiller et qui ne l'ont pas fait, le peuvent encore. Je me lève à mon tour et je toise la demoiselle de Terra. Sans rancune, sans colère, car elle n'est pas responsable de ce que son peuple a fait. Seulement, je ne peux pour le moment accepter de devoir purement et simplement pardonner aux anges d'avoir ruiné ma vie. Pour ce qui est de Rey, et Thaor, nous les avons rencontré il y a quelques jours. Ils sont venus nous trouver, à notre maison. Rey m'a expliqué ce que vous faisiez et pourquoi. Elle va bien, si c'est cela ta question puisque tout le monde semble s'en inquiétée. Elle n'a jamais été aussi en forme de sa vie, je crois. Je souris à Olaf et je me tourne à nouveau face à Theodor et Aelita. Je comprends que vous souhaitiez la paix, mais sachez que pour ma part, il est difficile de pardonner des années de génocides, de tueries, de vols et de malheurs. Nous ne sommes que des humains et nous subissons pourtant depuis bien longtemps l’égoïsme des anges. Alors, si tu me dis que tout cela aurait pu être évité il y a longtemps, j'ai bien du mal à l'encaisser. Je prends une profonde inspiration. Vous avez mon point de vue sur ce que vous souhaitez faire. Je ne suis ni pour la guerre, ni pour la paix, ce que je veux, c'est que justice soit rendue à mes parents, dont les vies ont été arrachées pour rien, si ce n'est pour le pouvoir, que justice soit rendue à tous les enfants que Terra nous a prit, que justice soit rendue aux enfants, qui, comme moi, ont vu leurs parents mourir. Je tourne autour de ma chaise et je m'avance près de Theodor et Aelita. Doucement, avec paix et compassion, comme nous avons toujours su le faire. Ne croyez pas que je suis en colère contre vous, ou contre toi, Aelita. Je sais que vous saurez mener la paix pour laquelle vous œuvrez, mais je ne suis pas encore prête à pardonner à ton peuple. Je les salue d'un hochement de tête et je marche jusqu'à Olaf. Je lui souris. Tu es plus douée que moi pour les discours politiques, je te laisse ce plaisir. Je continue mon chemin et je souris également à Darinn. Je suis heureuse de te voir sain et sauf. Je marche jusqu'à la porte puis, je me tourne une dernière fois vers la salle. J'ai dis ce que j'avais à dire. Je laisse les discours aux personnes qui aiment discuter. Je ne suis pas très patiente. Je vais aller là où je pourrais être utile ou aider, j'ai quelques notions en entrainement et en médecine. Je salue la salle du revers de la main et je quitte cet endroit où je suffoque, où mon cœur et mon esprit se livrent une lutte acharnée, où ma raison me dicte d'abdiquer pour la paix et où ma colère me hurle de venger les miens disparus. J'ai besoin de prendre l'air. |




