18 Jul 2016, 23:02

Le professeur, la princesse, et l'amante
Ft. Thaor Thorvald
Tout est néant, si froid, si sombre et si triste au point que je ne sache plus qui je fus, qui je suis, qui je pourrais être. Je suis perdue dans une vaste étendue de néant, d'un endroit dont on ne revient pas, d'un endroit d'où il est impossible de penser, de parler, d'espérer. J'ai essayé de lutter contre ce néant qui m'aveuglait, contre ces ténèbres qui me dévoraient, mais c'est impossible. Je ne suis plus qu'un fragment de poussière d'étoile, dispersé à travers l'univers.
J'ai rêvé, rêvé que tout était possible, qu'il y avait une vie après ces ténèbres mais en vain. Le temps est une notion très différente lorsque l'on vit dans le néant. Il s'étire, se rétrécit, se reconstruit mais il ne revient jamais, en arrière. Alors, le seul choix qu'une créature du néant comme moi est droit est d'attendre dans cette tourmente sombre. Attendre qu'une lumière apparaisse afin d'éclairer la voie à suivre, le chemin à emprunter. Cette lumière n'apparait jamais, comme si elle voulait me faire croire qu'il n'y a aucune échappatoire. Je lutte, parce que je suis persuadée que la lumière n'est pas loin d'ici.
J'ai essayé de me persuader qu'une lumière se dissimulait alors j'ai couru dans le néant. J'ai supplié, appelé, crié, mais ma voix ne s'est jamais portée plus loin que le fin fond de mes entrailles. Alors, j'ai abandonné, j'ai chuté, je me suis effondrée et j'ai voulu mourir. Le néant n'a pas voulu me laisser mourir.
L'espace d'un instant, j'ai cru apercevoir une lointaine lumière. Je me suis relevée alors que cette jolie lumière guidait mes pas vers une destination que je n'avais jusqu'ici pas remarquée. J'ai avancé, et je l'ai vu, son visage. Je me suis effondrée en voyant ses prunelles, en le voyant me sourire et je me suis souvenue. Dans ce néant absolu, je me suis souvenue pourquoi j'avais voulu lutter et pourquoi, je me devais de lutter. J'ai essayé de bouger, de courir après son visage mais son image avait déjà disparu dans mes ténèbres.
Alors, j'ai patienté. J'ai cru en l'espoir, j'ai cru que cette nouvelle lumière se manifesterait. J'ai attendu, impatiemment et avec tout le courage dont je disposais encore. La lumière n'est jamais revenue, elle a disparu durant des heures, des jours, des mois, je n'en sais rien. Alors, j'ai désespéré, j'ai pleuré, j'ai implosé, j'ai abandonné. Mon corps aussi a lâché car c'est à cet instant qu'il s'est décidé à me montrer ce qui pouvait bien se passer dans le monde réel. Il m'a montré, il m'a fait écouté et j'ai perçu. J'ai perçu la voix d'un ange, de mon ange, mais il était trop tard. J'ai imploré à mon corps de ne pas se laisser aller, de s'éveiller parce que quelqu'un l'attendait, mais mon cœur en avait déjà décidé autrement.
Mon corps a lâché, subtilement et mais involontairement. Il a trop souffert, trop pleuré, trop hurlé. Mon coeur ne pouvait plus supporter les souffrances infligées alors, y voyant une occasion de faire cesser toute peine, il a abdiqué. Je ne pensais ps mon cœur si faible, je ne pensais pas qu'il pouvait briser le rêve de mon âme, le souhait le plus cher de ce que je suis ,de mon esprit, de cette âme qui m'habite Je ne veux pas mourir, pas alors que sa voix me percute, que ses mots me touchent, que ses mots raisonnent dans mon esprit.
Mais tu seras une reine dans le ciel maintenant et assise parmi les anges. Mais des Anges différent de ceux qui sont ici.
Sa voix raisonne dans mon esprit et alors que mon âme est violemment percutée, une larme glisse sur ma joue. Mon âme ne va pas rendre les armes, pas aujourd'hui. Parce qu'il est trop tôt pour moi pour devenir la reine des anges. Alors non, je n'en deviendrais pas la reine, pas aujourd'hui, Thaor.
Mon cœur se met à battre, envoyant une intense décharge dans tout mon corps, le faisant trembler et bouillir intérieurement. Les larmes coulent sur mes joues alors que les mots de Thaor raisonnent en boucle dans ma tête. Je dois me réveiller, je dois me lever, je dois ouvrir les yeux.
Thaor, je murmure.
J'ouvre difficilement les yeux, le souffle court, le cœur battant à tout rompre, la lumière au-dessus de moi m'aveuglant. Je serre les poings et les dents, depuis combien de temps suis-je allongée ainsi ? Je ne comprends pas, je suis complètement perdue.
Je me redresse d'un geste et je tombe violemment au sol, percutant le carrelage froid de la pièce où je me trouve. Thaor ne m'a pas entendu murmurer son nom, ou peut-être a-t-il cru qu'il s'agissait d'une hallucination. Le bruit que j'ai fais en tombant le percute puisqu'il cesse tout mouvement mais je rampe. Je rampe vers ma lumière.
T-Thaor.
Je tends la main vers lui, abdiquant devant cette intense lumière qu'il représente.

Rey

Prayer

