Le terrible dîner de fiançailles

[Frejalla Heres]

Le terrible dîner de fiançailles

Seule

L'heure est proche et il ne s'est écoulé que quelques minutes depuis que ma mémoire est revenue, depuis que j'ai vu Rey et que j'ai compris pourquoi elle était là. Je suis terrifiée par l'avenir, par cette soirée et par mon incapacité à tenir le choc après de telles révélations. Pourtant, je n'ai pas le choix. Je change de robe, je sèche mes cheveux et je maquille mon visage. Je prends une profonde inspiration et je me lance dans la foule déjà présente dans le hall de ma maison.

Je fais sensation à peine je débarque en haut des marches me séparant du hall. Je déglutis en voyant la foule qui se tourne face à moi et je me décompose lorsque mon fiancé se présente à moi, en bas des marches. Je ne l'avais jamais rencontré en tant que tel mais maintenant que je le regarde d'avantage, je l'ai si souvent vu. Peut-être lui-même ne savait-il pas que nous étions fiancés. C'est un jeune homme d'une trentaine d'années, grand, brun mais à la terrible réputation d'être un profond psychopathe. C'est le fils du second de mon père et tous les deux sont certainement les personnes les plus avides de pouvoir. Personne ne pourrait m'envier.

Je descends les marches qui me séparent du jeune homme, Hans et je dépose ma main dans la sienne lorsqu'il la tend. Nous marchons jusqu'au hall et tous se bousculent autour de nous. Je prends sur moi pour ouvrir la cérémonie, imaginant qu'il s'agit simplement d'un mauvais moment à passer mais ai-je le choix ? Si je ne veux pas prendre de risque, si je veux épargner Theodor et cet enfant, je me dois d'avancer, avec ce monstre.

Nous ouvrons le bal, dansant comme si nous nous connaissions depuis des années. Nous n'échangeons pas un mot car malgré tous mes efforts, je me résous pas à accepter ces fiançailles. Je me sens si mal, prête à exploser. La main d jeune homme se colle à ma taille et il en profite pour coller son corps au mien, j'en suis écœurée.

Ecoute-moi bien, douce Aelita.

Je me fige à ses mots parce que la manière dont il les prononcent me terrifie. Je tremble de tout mon être mais la musique empêche les convives de s'en rendre compte.

Je connais la vérité, ronronne Hans. Je te garantie que si tu ne joues pas le jeu et fait saboter nos fiançailles, je t'enverrais mourir en prison.
Je ne comprends pas, dis-je d'un murmure.
Peut-être comprendras-tu si je te dis le nom de Theodor Velscond ?

Mon cœur fait un triple tour dans ma poitrine et j'en perds mes mots. Je reste muette, silencieuse et je tente de garder le sourire afin de sauver les apparences. Ce type a placé des espions bien avant que je sache qui il était.

Qu'est-ce que vous voulez ? je l'interroge.
Le pouvoir, quoi de plus, douce fiancée ? Je te laisse le choix.
L'ai-je vraiment ?

Nous arrêtons notre danse à la fin de la chanson et Hans en profite pour récupérer ma maison et y déposer un baiser, hideux.

Si tu ne coopères pas, dit-il avec le sourire, je dévoilerais toute la vérité.
Vous ne savez rien, je rétorque.
Je sais tout ce qu'il y à savoir si ton idylle à Mortifia, princesse. Je ne donne pas cher de la peau de ce pauvre homme.

Je serre les poings, mais je ne me dégonfle pas pour autant.

Quant à ton père, que ferait-il s'il apprenait que tu l'avais déshonoré ? N'est-ce pas, Aelita ma douce princesse vierge ?

Je marque un temps d'arrêt et je foudroie l'homme du regard. Je reste un long moment muette devant son sourire diaboliquement monstrueux. Il dépose un baiser sur ma joue et glisse sa main dans mon dos nu. Il me sourit, se délecte de mon odeur et de ses mains sur mon corps.

Que dirais-tu de me rejoindre dans ma chambre, dès ce soir ? Je rêve de pouvoir voir ce que tu as appris chez les Bannis.

Je recule de plusieurs pas et je toise l'homme. Ma mère me rejoint, comme si elle avait pu entendre la conversation, comme si elle savait à qui elle osait me fiancer. La chaleur me monte aux joues, l'angoisse de cette situation a raison de mon esprit et de mon corps.

Tout se met à tourner autour de moi et mes pieds quittent brusquement le sol. Je m'écroule, dans les vapes, dans le chaos, dans les ténèbres.

J'ai rencontré le diable en personne.

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