Home sweet home !

[Frejalla Heres]

Home sweet home

J1 : Mon retour en furie vers Terra fut intense et rapide. J'ai même réussi à dépasser le convoi des anges, au risque de me faire prendre, au risque de me faire griller ma couverture. Dieu merci, je connaissais le chemin en quelques grosses heures de courses, me voici de retour à la maison. Les portes s'ouvrent à mon arrivée et je me sens tout à coup envahis par une douce sensation, le plaisir de rentrer chez moi alors que mon cœur regarde encore en arrière. Je chasse mes pensées et je pose les yeux sur Terra, ma ville, ma citée, mais à laquelle je suis venue dire adieu, une bonne fois pour toute. Même si j'aime ma vie à la citée, je ne peux décemment pas vivre sans Theodor. Je trouve rapidement le chemin de ma maison et lorsque j'ouvre la porte, tous les regards se tournent vers moi. Ma mère me saute dessus, hurlant et pleurant et je suis ébahie devant une telle démonstration d’inquiétude, d'amour ? Mon père n'est pas là, mais Anna l'est. Nous nous serrons toutes les trois l'une contre l'autre. J'ai eu si peur qu'il t'arrive quelque chose, murmure ma mère. Où étais-tu ? Loin d'ici, maman. Tout est fini, je vais bien. Je suis de retour à la maison. Anna se blottie contre moi, les larmes aux yeux et je la serre d'avantage contre moi. Tout ce chemin parcouru dans l'unique but de la sauver me contrarie car sur ce chemin, j'ai trouvé l'étoile de mes nuits, le soleil de ma vie. Nous restons des heures ainsi et je grimpe à la salle de bain pour me délecter de l'eau douce de Terra. Ma mère en profite pour prendre les vêtements que je porte et les jette dans l'incinérateur, comme si elle voulait couvrir mes erreurs. Je la regarde de l'étage, surveillant ses faits et gestes. Elle s'assure de couvrir mes arrières, elle ne peut pas être si pointilleuse pour une question de propreté. Ma mère, m'aime.

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[Frejalla Heres]

Home sweet home

J3 : Les jours passent comme si de rien n'était, comme si j'avais repris mes habitudes. Je tente de trouver le sommeil dans mon lit de princesse mais ce n'est pas facile. J'ai beau avoir tout le confort du monde, je me sens mal, et seule. Toute ma famille est maintenant au courant que je suis rentrée et le discours de mon père fut très clair. Puisque tu ne veux pas dire où tu étais, je t'interdis de sortir pour les 3 prochaines semaines.  Tu resteras enfermée dans cette maison, que tu le veuilles ou non ! Tels furent les mots de mon père, froids et difficiles mais tout son portrait. J'accepte la punition, mais elle n'est qu'éphémère puisqu'une fois que les gardes auront disparus d'ici 3 semaines, je quitterai Terra, avec ma sœur et avec ma mère. Du moins, il va falloir que je réussisse à les en convaincre. Voilà donc 3 jours où je suis enfermée, mes pensées sont tournées vers Theodor, que pense-t-il de moi ? Me déteste-t-il ? Qui était cette fille avec lui, pourquoi l'a tenait-il dans ses bras ? N'ai-je pas de valeur à ses yeux ? Je fonds en larmes, blottie dans mon lit. Et cette fille, pourquoi son visage m'a-t-il si marqué ? Il ne m'est pas inconnu mais je n'ai aucune idée d'où j'ai pu le voir. Elle était si déterminée, mais elle avait un visage si doux et si rempli de courage. Un nouveau flash me brouille ma vision mais je rejette ces images de ma tête. Je ne dois pas céder car demain, me voilà obligée de supporter un nouveau gala, donnée spécialement en ma faveur. Demain, nous célébrons mes fiançailles.

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[Frejalla Heres]

Home sweet home

J4 : Ma mère coiffe mes cheveux comme elle a toujours aimé le faire alors que je toise mon sublime reflet dans le miroir. Il n'y a rien à redire car physiquement, je suis parfaitement mise en beauté mais je ne suis qu'une vieille carcasse vide. Mon cœur est en miettes, rongé par le chagrin et l'éloignement avec celui auquel il appartient. Je m'apprête à fêter mes fiançailles et à précipiter mon mariage dans un seul but : sauver son enfant que je porte probablement en moi. S'il était confirmé que je suis bien enceinte, il se pourrait que mon père me tue sur le champ ou pour me punir pour l'éternité, détruise toute trace de cet enfant. Je me lève d'un bond, chassant les émotions qui rongent mon cœur et je m'enferme dans la salle de bain. J'enfouis mon visage entre mes mains et alors que ma mère vient fraichement de me maquiller, je fonds en larmes et ne ressemble plus à rien. Je tâche ma robe blanche, alors je tente de faire disparaître les tâches avec de l'eau. Je chasse les larmes qui roulent sur mes joues mais les flashs me reviennent, m'aveuglant et me présentant une jeune femme dans le miroir, vêtue d'une robe blanche, immaculée de sang. Je recule de plusieurs pas, victime à nouveau de ces hallucinations. Je sais que ceux sont des hallucinations mais elles ont le don d'être tellement bien faites qu'elles me font croire qu'elles sont réelles. Je détourne le regard et je tourne le dos au miroir mais j'aperçois alors une petite fille, trempée de la tête aux pieds, tâchée de sang et regardant dans le vide. Je recule à nouveau, mon dos heurtant de plein fouet le miroir derrière moi. Aide-moi... Non, je murmure. Tu n'es pas réelle. Ae...lita... Ses lèvres ne bougent pas mais sa voix raisonne dans ma tête. Je recule à nouveau, tremblant de tout mon être. La petite s’effondre au sol et je pose ma main sur ma bouche pour étouffer mon cri d’effroi. Pourquoi ces hallucinations sont-elles de plus en plus violentes ? Faites que ça s'arrête. Aelita ? Tout va bien ? Oui, maman, dis-je d'une voix tremblante. J'ai besoin d'un instant. Je rince mon visage et je prends une grande bouffée d'air pur. Je vrille mon regard sur ma droite mais le corps de la petite fille n'est plus. Je ravale mes larmes et j'ouvre la porte, ma mère toise. Tu es certaine que tout va bien ? Oui. Je la contourne et je fais les cents pas dans ma chambre à la recherche d'un objet pouvant canaliser mes émotions. Si seulement Theodor était là, si seulement j'avais un moyen pour m'en sortir avant d'imploser. Ma mère pose chacune de ces mains sur mes épaules. Je vois que tu vas pas bien. Il faut que tu te reprennes, Aelita. Tu vas devoir rencontrer des gens, ton fiancé et faire face à ton père. Tu comprends ce que je veux dire ? Je vais bien, dis-je fermement. Non tu ne vas pas bien, me contredit ma mère. Tu n'es plus la même depuis que tu es rentrée de je ne sais où. Quelque chose t'a changé, qu'est-ce qui s'est passé ? Je tourne les dos à ma mère, frissonnant de colère. Elle va pas me pousser à bout et stupide comme je suis, je fonce dans le tas, parce que je n'arrive plus à rester calme. Laisse-moi seule, je crache. Aelita... Dégage ! je hurle. Je la repousse violemment et elle se heurte à la porte de ma chambre. L'instant d'après je regrette de lui avoir fait et je me sens encore plus coupable, encore plus névrosée et déprimée. Je m’effondre sur mon lit en pleurant sous les yeux de ma mère, en qui j'ai confiance. Si mon père était témoin de cet afflux de sentiments dont je suis pourvue, il m'aurait déjà enfermé. Ma mère me serre contre elle, caressant mes cheveux et embrassant le sommet de mon crâne. Il ne me reste que peu de temps avant de partir pour ces maudites fiançailles mais plus le temps passe, et plus je deviens folle. Alors que j'ouvre à peine les yeux, la petite fille est de nouveau présente. Elle a de longs cheveux blonds, le visage barbouillé de noir et les vêtements tâchés de sang. Je ferme de nouveau les yeux pour ne plus la voir, mais sa voix raisonne inlassablement dans ma tête. Aelita... Maman, je murmure. Je t'en prie, aide-moi. Sa main se resserre autour de la mienne et son soupir est long et triste. Je ne peux pas, susurre-t-elle. Toi seule peut te sortir de cette situation. Je suis tellement désolée, Aelita. Sa voix me percute de plein fouet, réveillant de nouvelles visions en moi. Tout ce sang laisse place au visage de ma mère me murmurant des mots doux, me suppliant de la pardonner et me répétant inlassablement qu'elle est désolée. Je tremble de tout mon être, serrant les poings et les dents. J'entrevois des enfants, alignés les uns derrière les autres et lorsque je me tourne, je vois cette petite fille aux longs cheveux blonds tout juste derrière la rouquine. Toutes les deux se sourient et se prennent dans les bras et lorsque la rouquine se tourne vers moi, je comprends qu'il ne s'agit que de moi. Je me réveille en sursaut, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Ma mère n'est plus là mais elle a pris soin de déposer un petit mot sur ma table de chevet. Je me lève, titubant dans cette maudite longue robe blanche et je m'en empare. Si tu veux des réponses à tes questions, rends-toi au laboratoire. Maman. Je lève la tête, toisant la porte. La cérémonie est dans 1h, cela ne me laisse que peu de temps pour agir.

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