Gérald et moi restons blotti l'un contre l'autre durant de longues minutes. Je lui suis reconnaissante d'être là, de donner envie à mon âme de croire qu'elle a encore  de la famille, de donner du sens à ma vie complètement chamboulée. Je ne serais plus jamais la princesse de Terra, je ne serais plus jamais Aelita Krow, juste Aelita. Je pousse un long soupir et je fais un pas en arrière. Je souris à Gérald.

Tu devrais aller te reposer, lui dis-je. Tu es sale, tu empestes et tu ressembles à un mort-vivant, sans vouloir t'offenser.

Je lui souris à nouveau et je caresse affectueusement son épaule. Si l'on m'avait dit que lui et moi partagerions bien plus qu'une simple relation distante compte tenu de sa capacité à s'attirer des ennuies, je n'y aurais pas cru. Je n'ai jamais su ce qu'il était mais si, lors de la dernière fusillade, je ne l'avais pas tiré à l'intérieur de la maison, je n'aurais jamais su que j'avais un frère. Ce jour-là, quelque chose m'a poussé à le sauver, mais je ne saurais dire quoi.

J'imagine que tu dois avoir quelques connaissances à l'hôpital à force d'y aller, dis-je d'un sourire. Si jamais tu connais quelques personnes, il me faudrait obtenir un entretien d'embauche. Je souhaiterais exercer en tant qu'infirmière, pour aider ceux dans le besoin.

Je tapote sa main et j'adresse un bref regard à Theodor, non loin d'ici.

Je dois aller lui parler de quelque chose, je soupire. Préviens moi si tu as du nouveau, repose-toi. On se voit ce soir, ou demain, d'accord ?

Je dépose un baiser sur sa joue et je tourne les talons. Je me retrouve alors nez à nez avec Theodor et l'angoisse me gagne à nouveau. J'avance vers un espèce de petit parc desséché, un endroit peu fréquenté et afin que nous soyons, non seulement à l'ombre, mais aussi isolés. Nous nous retrouvons tous les deux et je reste dos à lui.

Je ne sais pas par où commencer, à vrai dire... Je suis désolée pour beaucoup de choses, pour avoir voulu mourir, pour avoir voulu t'abandonner. La vie, bien qu'elle soit avec toi, avec Gérald, me paraît si fade et si.. Triste.

Je me tourne face à Theodor, les poings serrés.

Qu'est-ce que tu attends de la vie, Theodor ? Que vois-tu, le vois-tu avec moi ?

Je le supplie du regard de m'aiguiller, de me donner envie de tout lui dire, de lui avouer.

©Aelita 2016

Aelita semblait décidée à vouloir me parler de quelque chose mais tournait autour avec des questions. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir et je ne pouvais que répondre à sa question avec la plus grande honnêteté possible.

Ce que j'attend de la vie, c'est de pouvoir la passer pour toujours à t'es côtés. Nous avons passé de merveilleux moment ensemble, et je veux que ça continu, qu'on puisse enfin se poser quelque part et pourquoi pas fonder une famille si tu veux bien.

J'ai peut-être une idée pour lui prouver mes sentiments et la valeur de mon amour pour elle, mais je me réserve ça pour le moment ou j'aurais tout préparé. Je sentais Aelita nerveuse face à moi mais joyeuse en même temps. Elle est très émotive, mais très réservée, je ne peux que lire ses émotions car elle ne s'ouvre pas assez à moi, alors qu'elle peut me faire une entière confiance elle ne me dit pas tout.

Mais ta question est quand même très étrange, et la vie n'est pas si mauvaise que ça, et je pense que ma présence dois te changer la vie, au moins un petit peu.

Je sens dans son regard une certaine tristesse, je la prend dans mes bras et la sert le plus possible, mais c'est finalement elle qui me sert plus fort.
Elle a énormément besoin de moi, je crois même que je suis un peu la personne qui lui permet d'oublier toute tristesse.
Aelita se retire de mon étreinte et relâche la sienne, puis se place bien face à moi. Je reste attentifs, elle prend plusieurs fois sa respiration pour essayer de dire quelque chose mais se bloque avant et soupire.

Prend ton temps, tu semble avoir un truc important à me dire, tu peux y réfléchir sur la façon de le formuler, je ne suis pas attendu quelque part.

Je voulais vraiment savoir ce qu'elle voulait me dire, sa respiration s'accélérait, je l'entendais. Pourquoi est-elle aussi stressée pour dire quelque chose, cela ne lui était encore jamais arrivé.

Je souris à Theodor alors que mon rythme cardiaque s'accélère. Je serre mes deux mains l'une dans l'autre alors que quelques gouttes de pluie se risquent dans la ville. Nous sommes à l'extérieur du centre-ville, là où le vent est plus fort, là où la pluie commence à s'agiter. Je recule près d'un arbre pour m'abriter un petit peu, mais c'est peine perdue.

J'ancre mon regard dans celui de Theodor alors que ses mots raisonnent en moi.

Encore une fois, je suis désolée, je murmure. Je suis désolée de t'avoir fait peur, je suis désolée d'avoir pensé que la vie est injuste mais elle l'est. Je me sens démolie, anéantie et chaque seconde est rythmée par les visions d'horreurs de ma mère sœur mourant, de tout ce sang jonchant le sol...

Je baisse les yeux et je serre les poings.

Mais il y a toi dans ma vie, toi que j'aime, toi pour qui j'éprouve des sentiments que jamais je n'avais ressentie dans ma vie. Alors, je ne suis pas désolée d'avoir fais un tas de choses folles. Je ne m'excuserai jamais pour être venue à Mortifia et pour t'avoir rencontré, pour t'avoir charmé, ce jour-là.

Je m'avance d'un pas vers Theodor alors que la pluie s'écrase sur nous. Je lui souris et je prends chacune de ses mains entre les miennes.

Je ne m'excuserai pas pour avoir découvert ce qu'était le plaisir, ce qu'était la passion, ce qu'était l'amour physique. J'ai quitté Mortifia en pensant protéger notre relation mais j'ai su à l'instant où je t'ai vu qu'il m'était impossible d'imaginer une seule seconde de ma vie sans toi.

J'ancre à nouveau mon regard dans le sien et je glisse mes mains sur ses bras.

Tu m'as donné l'espoir même dans la mort et la détresse. Tu m'as me sentir plus vivante que n'importe qui en vingt ans d'existences. Tu ne m'as pas seulement donné de l'amour et de l'espoir, tu m'as donné quelque chose... Quelque chose que je n'envisageais même pas, Theodor.

Je prends ses mains et je soulève mon t-shirt d'une main. Je pose alors ses mains sur mon ventre légèrement arrondi et je fais la moue. Je me mords les lèvres, comme si j'avais peur de sa réaction.

Tu m'as donné la vie, je murmure. La chance, de pouvoir donner la vie.

Je le toise longuement, attendant sa réaction à ma manière si particulière de lui annoncer que je suis enceinte. En sera-t-il heureux ? Aura-t-il d'avantage peur de ce que la vie nous réserve ?

©Aelita 2016

Je fais glisser une main sur son ventre et je ressent la différence avec la dernière fois que je l'avais touché. Je comprend rapidement de quoi elle me parle. Je retire mes mains et je prend Aelita dans mas bras.

C'est merveilleux ! Tu attend un enfant, notre enfant !

J'étais émerveillé par la nouvelle, c'est une grande nouvelle pour notre couple, moi qui voulait un rapprochement définitif avec Aelita, j'ai maintenant de quoi lui donner raison de vivre, et surtout de vivre avec moi.

Tu n'as plus à t'excuser, je t'aime très fort, je ne t'en veux pas, et cette nouvelle me ravis tellement si tu savais. Il va falloir que je nous trouve une autre maison.

Une maison pour vivre avec Aelita et l'enfant qu'elle attend. Mais loin de Mortifia, dans un endroit perdu, là où personne ne nous retrouvera.

Aelita... veux tu venir vivre avec moi... Pas ici, ici ce sera de manière temporaire, mais loin d'ici, loin de toute civilisation ?

Loin de tous problèmes et de toutes ces personnes qui lui veulent du mal.

Je regarde Theodor durant de longes secondes alors qu'il est émerveillé, heureux. Je souris timidement et je me glisse dans ses bras avec douceur. Nous restons un long moment alors qu'il me propose un super plan, partir d'ici. J'en meurs tellement d'envie, mais pouvons-nous abandonner nos amis si tôt ?

Je lève la tête et je recule d'un pas.

J'aimerais vraiment partir d'ici, quelques temps, mais nos amis ont besoin de nous. Rey a besoin de toi, Gérald a besoin de moi, nous avons besoin les uns des autres.

Je caresse la joue de mon amoureux et je pose mon front contre son torse de marbre. Je pousse un long soupir, nuant mes doigts entre les siens.

J'aimerais disparaître quelques jours, je soupire. J'aimerais être égoïste et laisser la guerre aux autres, mais s'il y a une chose que j'ai compris, c'est que Terra est ma ville et qu'elle m'appartient.

J'ancre mon regard dans celui de Theodor. Je suis tiraillée car, je ne veux prendre aucun risque pour cet enfant, mais Terra est la ville où j'ai grandi, la ville qui porte le nom de mon père sur ses plaques. Cette ville n'est pas à Hans Pain.

Mon père était le chef de Terra ce qui fait de moi, la prochaine leader. Je devrais être à la place qu'Hans Pain s'est attribué, mais je suis incapable d'aller sur le front sans perdre le contrôle. Je ne pourrais jamais aller me battre dans Terra, je ne peux que conseiller. Je ne peux pas prendre de risques.

Je me blottie dans les bras de Theodor durant un court instant. Je relève la tête et je l'embrasse langoureusement, amoureusement.

Je pense qu'ils peuvent se passer de nous quelques temps, juste pour que le début de grossesse se passe bien, sans angoisse, sans peur.

Et parce que je meurs de découvrir un autre climat que cette chaleur atroce !

©Aelita 2016

Je ne connais pas d'endroit autre qu'ici et Terra, mais Thaor lorsqu'il est arrivé ici venait d'une zone que je ne connais pas, il y aurait une vie là bas ? Ce serait une bonne chose d'y aller pour voir. Peut-être que Rey pourra me renseigner, elle était partie là bas me parlant d'un village qui s'y trouverais. Ne l'ayant jamais vu je ne sais pas qui y vit, mais si nous pouvons nous y réfugier quelques temps, cela nous permettrait d'avoir un temps de repos permettant à notre couple de bien se souder.

Oui, nous devrions les laisser avec leurs histoires et revenir lorsque tu pourras prendre la succession de ton père. Mais je dois voir Rey, elle connait un endroit. Elle comprendra que nous avons se besoin de nous isoler quelques temps, mais je pense que nous ne devrions pas lui parler de ce que tu m'as parlé.

Rey n'est pas ma sœur de sang, mais je la considère comme ma sœur, elle serait la tante de notre enfant, mais je ne connais pas sa réaction, je ne sais pas si elle sera si enthousiaste de cette nouvelle. Je pense pas que nous devrions lui annoncer maintenant, à moins qu'Aelita souhaite quand même lui annoncer.

Le temps se gatte, si nous rentrions ? Je sens qu'il va pleuvoir les deux prochains jours avec cette météo capricieuse. On se trouve proche d'une zone humide ici, la pluie est plus longue que dans le désert.

Si il pleut durant deux jours avec la radioactivité, il sera impossible à Aelita de sortir, je vais devoir lui trouver une occupation. Mais il ne me reste qu'un jours de repos après aujourd'hui. Nous irons voir Rey dans deux jours, cela nous permettra de lui demander où se trouve ce village.

Je lève les yeux au ciel et je souris.

Rey est mon amie, elle doit le savoir non seulement parce qu'elle sera soulagée de savoir qu'il y a toujours de l'espoir, mais surtout parce qu'elle comprendra mieux que quiconque mon envie de protéger cet enfant.

Je pousse un long soupir et je regarde le ciel capricieux. J'ai beaucoup de choses à faire dans les jours à venir et il est hors de question que je m'enferme sous prétexte qu'une pluie radioactive tente de me bloquer le passage. L'hôpital doit toutefois être ma priorité.

Je ne pourrais pas déserter le champ de bataille sous prétexte que je suis enceinte, je soupire. Je vais parler avec Rey afin de déterminer quel moment semble propice pour que nous partions un petit mois ensemble. Ensuite, nous reviendrons faire une brève apparition, personne ne voudra me laisser Terra si je n'agis pas en tant qu'opposante à Hans Pain. Enfin, je veux être celle qui l'abattra.

Peut-être le ferais-je pendre ou peut-être le tuerais-je de mes mains, je n'en ai pas la moindre idée.

Pour l'accouchement, il aura lieu très loin d'ici, c'est certain. Je ne prendrais aucun risque.

Surtout que cet enfant va représenter l'alliance des bannis et des anges. Voilà une merveilleuse occasion de déclarer la paix entre tous les anges, une fois Hans Pain détrôné.

Rentrons, je suis fatiguée.

Je prends la main de mon amoureux et nous retournons à l'appartement. Je me rince en vitesse et je me glisse dans le lit, alors que mon esprit se fait aussitôt captivé dans les méandres de mes rêves.

©Aelita 2016

Nous rentrons à la maison, je rejoins Aelita après dans le lit, elle se colle directement à moi et me serre dans ses bras de toutes ses forces. Je pose une main sur son ventre et lui murmure le fond de mes pensées.

Nous irons loin pour notre bonheur et surtout le sien, c'est une certitudes.

Je l'embrasse et après un instant à nous embrasser et nous regarder, nous nous endormons dans les bras de l'un et de l'autre. Nous passons le reste de la journée jusqu'au lendemain matin à dormir. Aelita avait besoin de sommeil, mais également de ma présence pour se sentir bien, comment va se passer ce moi sans ma présence, si elle venait à se sentir mal, je pense qu'elle viendrait me chercher directement sur mon lieu de travail.

Au petit matin je me sort de son étreinte et je vais chercher des vêtements pour elle. Elle trouve les miens trop grand, je vais donc lui procurer des vêtements à sa taille. Je prend un peu de tout ne connaissant pas tout ses goûts en matière de vêtements. Je retourne dans l'appartement et je dépose tout sur la table. À son réveille elle attraper les vêtements et les essayes. On a passé la journée à discuter de ça, elle était contente que j'ai pris le temps de lui acheter des vêtements pour qu'elle puisse s'habiller comme une bannie.

Le soir, nous mangeons ensembles et passons un long moment à parler du mois de séparation qui nous attend, elle veut travailler à l'hôpital de la ville pour ne pas souffrir de ce manque, mais je sais qu'il y aura un moment où elle devra venir me voir. Elle, comme moi, ne supportera pas cette séparation.

Nous allons nous coucher et au petit matin, très tôt je part aux Remparts de la ville, je lui laisse un mot sur la table pour lui dire qu'on se reverra très vite et qu'elle me manque déjà.