Il y a du sang, tellement de sang sur moi et qui ne m'appartient pas que j'en vomis. J'ai mal à l'épaule, mal au dos, au ventre, partout. Je me sens battue, fatiguée, fracassée mais je n'ai pas le temps de souffler que Gérald me force à me relever. On nous tire dessus, encore. Je pose les yeux sur Gérald qui vient de tuer un homme pour me sauver la vie, mais pas le temps de le remercier, nous partons en courant.

Nous courrons jusqu'à arriver au sommet d'une cascade, c'est la sortie des égouts. Je grimace à cause de la douleur qui me parvient de mon épaule mais nous ne pouvons pas attendre plus. Je me tourne face à Gérald, alors que plusieurs gardes rappliquent et nous tirent dessus.

Retiens ta respiration.

Je ne lui laisse pas le temps de réfléchir que je me jette en arrière et je l'entraine dans ma chute. Nous tombons tous les deux sur plusieurs mètres et lorsque je percute l'eau, je me sens atrocement sale et souillée. Je remonte rapidement à la surface et je cherche Gérald du regard. Je l'ai peut-être surpris en sautant et il m'a l'air légèrement déboussolé. Je le tire jusqu'à la rive et je me hisse sur la rive, entrainant mon frère avec moi.

Rien de casser ? je demande.

C'est alors qu'un bruit sourd raisonne dans toute la zone. Quelqu'un se trouve plus malin que nous et déclenche l'ouverture des trappes des égouts, coinçant nos amis à l'intérieur et déversant un torrent sur nous. Nous sommes violemment propulsés par le courant et Gérald et moi sommes séparés.

Je tourne et retourne dans tous les sens sous cette eau glaciale. Je me rattrape péniblement à un arbre et je cherche Gérald du regard. Une branche s'écrase sur lui et je n'hésite plus. Je plonge le récupérer et je nous laisse être portés jusqu'à la prochaine cascade. Nous sommes éjectés un peu plus loin et nous retrouvons enfin la terre ferme. Je tire Gérald au sol et je secoue violemment son corps pour le réveiller.

Ne me laisse pas tomber, je grogne.

Je fais pression sur son torse pour le faire revenir à mes côtés et je lui insuffle tout l'air dont je dispose.

©Aelita 2016

Nous n'avons pas le temps de souffler. Nous sommes toujours sous le feu des tireurs. Après une longue course pour tenter d'échapper à nos poursuivant nous voilà face à un grand vide. Il y avait une cascade à côté de nous et en bas on pouvait voir que les égouts se jeter dedans. Mais on ne pouvait rester là. D'autres gardes parviennent à nous et commencent à engager le feu. Je me fait tirer par Aelita et chute dans la cascade sans avoir le temps de réagir.

Me voilà dans l'eau complètement déboussolé. Aelita vient de me rattraper et me ramène au rivage. Je n'avais pas encore récupérer mes marqueurs. Je répond malgré tout à la question d'Aelita.

Complètement désorienté mais ça va.

Je n'ai pas le temps de me relever qu'un grand bruit se fait entendre autour de nos. Je lève la tête et vois une grande masse d'eau arriver à vive allure sur nous. J'ai juste le temps de crier.

Oh non pas ça !

Nous voilà à la merci des eaux tempétueuses des égouts. Il est difficile de garder la tête hors de l'eau et je ne vois plus Aelita. Je suis secoué dans tous les sens malgré la lutte pour retrouver l'équilibre. Je fini par sortir la tête de l'eau mais une branche vient se heurter contre moi violemment. Je perd connaissance et voilà condamné par le courant. Quel drôle de mort de finir noyer dans les eaux des égouts.

Après quelques instants je me retrouve sur la terre ferme. Je recrache toute l'eau de mes poumons que j'avais avalé quand j'étais inconscient. Aelita était sur moi entrain de lutter pour que je reprenne connaissance. Je prononce avec un peu de difficulté quelques mots.

Quel drôle de rêve.

Je commence à reprendre des couleurs et à récupérer mes repaires. Je pouvais voir la joie d'Aelita qui venait d'avoir si peur de me perdre. Je crois qu'elle n'aurait pas supporté un mort de plus aujourd'hui.

Je vais bien.

Grâce à cette mésaventure nous étions en sécurité pour l'instant. Ce qui nous donne quelques minutes pour respirer et reprendre notre souffle. Nous en avions bien besoin. Sans parler que de faire un bandage sur nos plaies ne serait pas de trop.

Je souris difficilement à Gérald lorsque je le vois s'éveiller, mais nous ne sommes pas encore sorti d'affaire. Nos blessures doivent être rapidement soignées au risque de s'infecter avec cette eau. Je force Gérald à resté coucher.

Je suis étudiante en médecin, enfin j'étais. Ne bouge pas, je vais te soigner.

Je me lève difficilement avec cette balle maudite ancrée dans mon corps. Je dégaine ma lame et je brandis du vieux produit pour les bactéries dans ma poche, ça devrait faire l'affaire. J'en asperge ma lame et je sors un vieux fil de ma poche, pas le temps de chipoter.

Je vais t'extraire la balle, ça risque d'être un peu douloureux.

Je me glisse sur son épaule et je nettoie la plaie avec mon produit désinfectant. Ce n'est pas très agréable mais mieux vaut que la plaie ne s'infecte pas avec la balle dans son corps. Je prends ma lame et je commence à faire un petit troue dans sa peau, à la recherche de la balle. Il grimace et je lui glisse un bout de bois dans la bouche afin d'étouffer ses cris. La balle n'est pas logée bien loin et je la récupère rapidement. Je désinfecte à nouveau et je recouds furtivement sa plaie avec mon vieux fil.

C'est fini, la suture ne tiendra pas des heures, mais au moins jusqu'à Mortifia.

Je m’assoie contre un arbre et j'enlève mon t-shirt pour pouvoir réaliser la même chose sur moi. Je grimace, mais la douleur physique que je ressens n'est rien comparé au gouffre intersidérale qui gronde dans mon cœur. Je chasse ces images de ma tête pour ne surtout pas succomber maintenant. Une fois la balle extraite et la suture faites, je pose les yeux sur Gérald, encore allongé.

Je ne sais pas s'ils pourront sortir par cette voie, je soupire. Il y a plusieurs canaux dans les égouts, peut-êtres n'ont-ils pas été touché.

Je pose ma tête contre l'arbre, à bout de souffle. Je titille ma lame du bout des doigts, non pas prête à l'utiliser contre l'ennemie, mais prête à me planter cette lame dans le cœur si Theodor ne revient pas. Je ne supportais pas que cette journée se termine par une nouvelle perte.

Je me laisse tomber sur le côté et je me ferme les yeux. J'ai froid, je suis dévastée et je ne sais pas ce que j'attends. Je n'ai juste plus la force ni le courage de me relever, pas cette fois.

©Aelita 2016

Aelita était décidé de me soigner. Je n'avais pas vraiment le choix après tout et il est mieux qu'on évite que cela s'infecte. Ce n'est pas vraiment le moment pour être plus affaiblie ou perdre un bras. Je la regarde préparer son matériel. Elle m'avertit que j'allais avoir un peu mal. Peu est un bien grand mot quand on te plante une lame et te trifouille l'intérieur même si c'est pour retirer une balle. Plus elle cherchait plus la douleur était forte. Je ne suis pas un sur-homme comme semble l'être Darinn. Heureusement cela se passe assez vite et je peux enfin arrêter de gémir et lâcher se baton.

C'est que ça fait un mal de chien !

Je reste allonger et profite encore de souffler et reprendre mes repères. Je penche la tête et pouvais voir Aelita entrain de se soigner aussi. Une fois fini elle me regarde et me parle. Elle était inquiète pour le reste du groupe mais je pense qu'ils ont prit une autre sortie. Dans tout les cas il y avait un plan de secours en cas de soucis. Il va falloir se mettre en route pour le lac mais je vais avoir besoin d'Aelita pour me guider. Elle semblait épuisé et complètement anéanti par tous ces évènements. Je la comprenais mais il faut encore bouger pour être enfin en sécurité et pouvoir pleurer cette perte.

Je fini par me relever et me dirige vers Aelita, Je me baisse à son niveau et commence à lui parler.

Aller petite sœur, il faut se remettre en route. Les autres doivent nous attendre prêt du lac. C'était le second point en cas de soucis. Je pense qu'ils ont entendu l'explosion et pu constater tout les problèmes qui se passe en ville. Je vais avoir besoin de toi pour me guider.

Je l'aide à se relever et nous prenons la direction du lac.

#Fin